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Le mystère de la composition de l’huile du pont arrière de Scarabée d'Or
sur le point d’être percé ?    

Entretien avec Patrick Lallet (19 décembre 2016)

Existe-t-il des différences entre les huiles ?

 

Dans les années 20, on classait généralement les huiles lubrifiantes en deux catégories : les huiles fluides et les huiles épaisses.

Ce sont ces dernières que l'on trouve dans les transmissions. Leur viscosité permet à la fois une meilleure tenue sur les mécanismes et limite les risques de fuite.

Elles étaient d'origine minérale et leur viscosité ne se modifiait pas avec la température ; c’est ce que l'on désigne par le terme "monograde".

Un peu plus tard, elles sont précisément désignées par leur "grade" qui traduit la viscosité cinématique, par exemple SAE30.

SAE est l'acronyme de Society of Automotive Engineers (USA) qui a eu une activité de normalisation dans le domaine de l'automobile.

"30" est l’indice de viscosité qui augmente quand la fluidité de l'huile diminue. La valeur correspond à un temps d'écoulement dans un tube calibré.

Une SAE30 est une huile moteur.

Les huiles de transmission sont plutôt des SAE90.

 

Afin d'augmenter la longévité des huiles, des additifs ont ensuite été ajoutés afin de limiter l'oxydation qui est le phénomène dominant dans le vieillissement des huiles.

Celle-ci se produit à la suite de l'échauffement en service, auquel s'ajoutent les phénomènes liés à la combustion pour les huiles moteurs ainsi que la présence de résidus métalliques provenant de la dégradation des composants mécaniques que l'huile a pour mission de lubrifier.

 

Pour les transmissions, ce sont surtout des additifs qui renforcent la résistance des chaînes moléculaires sous l'effet de la pression mécanique exercée par les engrenages. Ce sont alors des additifs « extrême pression ».

 

Scarabée d’Or est un véhicule Citroën qui date de 1921 : est-il possible que l’huile du pont arrière soit celle d’origine ?

Concernant l'huile du pont du Scarabée d'Or, il conviendrait de déterminer :

 

- sa viscosité

- la présence ou non d'additifs

- les métaux d'usure

- l'acidité

 

Viscosité et additivation (ou absence) permettront d'orienter le choix de l'huile à utiliser pour le futur Scarabée d’Or.

A noter que s'il n'y avait pas d'additif à l'époque, il est recommandé de rester sur une huile non additivée.

 

Une recherche rapide a permis de s’assurer qu’il existe dans le commerce de nos jours un choix de lubrifiants d'origine minérale avec différentes viscosités, avec ou sans additifs. Les résultats des analyses devraient donc permettre de sélectionner l’huile correspondant au mieux aux spécifications de l’époque.

 

En complément, la présence de métaux d'usure et l'acidité (qui traduit l'oxydation) nous renseigneront sur l'usure de l'huile et donc si elle a été remplacée avant mise au repos de l'engin ou si elle est telle qu'au retour du Sahara ; enfin, si l’échantillon accepte de parler…

 

Quelles technologies utiliser pour ces analyses ?

Patrick : Différentes techniques doivent être mises en œuvre utilisant souvent des méthodes décrites dans les normes ASTM (American Society for Testing and Materials).

 

Les métaux d'usure et la présence d'additif peuvent être identifiés à l’aide d’un spectromètre ICP à plasma d'argon.

 

La viscosité nécessite un viscosimètre Houillon et l'acidité un titrimètre TAN/TBN.

 

Nous remercions vivement Patrick pour ses réponses très instructives.

 

Il ne nous reste plus qu’à attendre le début d’année pour connaitre les résultats de l’analyse.

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